« Dieu m’avait déjà préparée et Il m’invitait à le suivre »
C’est par le biais de mon travail que j’ai rencontré le père François, alors curé de la paroisse Sainte Marie de la Lys, à la fin du mois de novembre 2018. M’écoutant raconter aux élèves la vie de la petite Thérèse, il s’est approché de moi et nous avons discuté.
Je n’allais jamais à la messe, malgré une foi en Dieu existant depuis toujours, j’aimais me balader dans les églises lorsque par chance j’en trouvais une ouverte, frustrée lors de célébrations comme les mariages de regarder les gens aller prendre l’hostie, me tenant à ma place comme « empêchée » de vivre la communion, moi qui n’avais pas eu d’éducation chrétienne ni religieuse.
En parlant avec ce prêtre, étonné que je n’aie pas fait ma communion il m’a demandé pourquoi je ne la faisais pas. Intriguée et ravie à la fois, j’ai répondu que je ne savais pas que l’on pouvait faire ça adulte ! Et oui, malgré une privation sans avis lorsqu’on est enfant, adulte on peut demander le baptême, la communion et même la confirmation ! Depuis cette visite avec les élèves, Dieu m’avait déjà préparée et Il m’invitait à le suivre.
Le prêtre m’a proposé un chemin de plusieurs mois jusqu’à la pentecôte pour me préparer spirituellement à recevoir pour la première fois la communion et confirmation, le même jour tant ma foi était grande.
Ce chemin a été une année très forte en émotions, traversant parallèlement une période de ma vie sombre, combattant la maladie, je suivais avec confiance cet appel. Chaque soir je me rendais à l’église St Charles d’Houplines pour célébrer la messe car nous avons cette grande chance de pouvoir célébrer l’eucharistie ce qui est rare avec le manque de prêtre, c’est ainsi que ma formation débuta.
« A travers Sa Parole, nos expériences et les chemins que nous prenons, il y a la présence de Dieu ».
J’ai été accompagnée de Catherine Parent qui me prépara à la communion, ce qui ressemblait davantage à un café entre amies, moi qui pensais subir un catéchisme strict et barbant, tout se déroulait avec simplicité, sans être jugée, mais en échangeant tout simplement sur la vie de Jésus, entre ce que je savais et ce qui me restait à apprendre.
En parallèle je rencontrais également Caroline Danel avec qui j’allais au plus profond de ma foi, préparant ma confirmation, j’ai été invitée à des réunions en groupe le samedi matin, j’ai pu rencontrer des personnes qui, comme moi, cheminaient vers Dieu. Même à 45 ans je percevais ces échanges comme une enfant, prête à m’investir et imaginer l’avenir de façon différente, ces réunions se passaient dans la plus grande simplicité et les témoignages remplissaient bien souvent mon âme. On se sent moins seul. A travers Sa Parole, nos expériences et les chemins que nous prenons, il y a la présence de Dieu et il nous tend la main, encore faut-il encore la saisir, la tenir. Personnellement, depuis je m’y agrippe et je ne le lâche plus !
Comme pour les séances de catéchisme, tout se réalisait dans la simplicité, autour d’un café et d’un croissant, écoutant celui ou celle qui osait parler et à l’inverse respecter l’intimité de ceux pour qui c’est plus difficile de s’exprimer. Rien n’était obligatoire, juste des témoignages de vie qui nous rassemblaient et confortaient le fait d’être là tous ensemble. Comme cette période me manque !!
« Des témoignages qui transforment ».
Ce qui a été merveilleux également dans ce chemin vers la confirmation ce sont les jours de retraites, trois belles journées que j’aimerais revivre, c’est un cadeau si beau et si bon. La chance de pouvoir entrer dans le monastère au Mont des Cats, y ressentir le silence qui parle plus que les mots, écouter le témoignage d’un moine qui montre ses joies et peines au travers d’un chemin finalement semblable au nôtre, semé de volonté, de doute, de force et d’amour. Une autre journée, il y a eu aussi dans un ancien séminaire toute une journée où nous pouvions choisir d’aller où bon nous semble, entre confession auprès d’un prêtre, témoignages d’autres confirmés, de sœurs à peine engagées et qui par un appel de Dieu ont décidé de consacrer leur vie à Jésus.
« J’étais frustrée de ne pas pouvoir prendre le corps du Christ pendant la messe, cela devenait pour moi un besoin ».
La pentecôte est arrivée, ce beau jour de juin 2019 … Il était temps car, je l’avoue, j’étais frustrée de ne pas pouvoir prendre le corps du Christ pendant la messe, cela devenait pour moi un besoin. J’avais pris conscience de la présence réelle du Christ dans l’hostie, je trépignais comme une enfant qui voudrait un bonbon, l’attente était grande, le moment tant attendu arriva, cadeau du ciel ce jour-là, car le vent soufflait si fort, l’esprit Saint fit cadeau de sa présence. Réunis à la cathédrale Notre Dame de la Treille à Lille, un si bel et grand endroit ! Moi qui aurais voulu faire ça tout discrètement dans l’oratoire de St Charles comme en semaine … Dieu me rappelait combien nous sommes tous chers à ses yeux.
Puis, vint le moment où l’on me demanda de rejoindre l’autel, et j’ai vécu mon premier baiser avec Dieu. L’émotion a été si forte que, même au loin dans la cathédrale, on aurait pu voir mes larmes couler. J’ai eu un sentiment de plénitude mélangé à une vision très forte de jésus sur sa croix. Moment inoubliable et inexplicable avec des mots, mais je donnerai tout pour revivre cet instant.
« Communier est devenu ma force ».
Depuis je chemine encore, je continue à aller très souvent à la messe, car communier est devenu ma force. Malgré les journées que ma maladie dirige en m’imposant ses hauts et ses bas, je ne considère plus la vie sous le même angle. J’ose affirmer ma foi, en respectant ceux qui ne l’ont pas j’arrive à glisser avec simplicité et tendresse combien la vie est meilleure lorsqu’on baisse sa garde et que l’on remet tout à Dieu. Lorsque je rencontre des difficultés, je les remonte bien plus vite et je ne récite plus la prière du Notre Père de façon machinale mais j’en savoure chaque mot, chaque intention, même cachée. Elle nous révèle au final combien il est facile de pardonner, de se rappeler que chacun est enfant de Dieu et ne sait pas ce qu’il fait lorsque le mauvais l’emporte sur son âme.
Je suis plus charitable aujourd’hui, ma joie, en plus d’aider mon prochain est d’imaginer le sourire de Jésus. Le suivre est une chose difficile, car tout est à revoir dans notre façon de vivre, mon seul atout est d’avoir gardé mon âme d’enfant. On m’a si souvent reproché d’être immature ou une gamine dans des moments difficiles de ma vie, c’est vrai que seul mon cœur dirigeait ma vie. Aujourd’hui, si on me dit encore ceci, quelle joie ! Baisser sa garde et rester une enfant est ma force. Comme a dit Sainte Thérèse de Lisieux, « le ciel appartient à ceux qui ressemblent aux enfants. »
On ne meurt pas d’amour.
Valérie
Photos : archives du Diocèse de Lille – Confirmations 2019